Rencontre

Le mercredi 17 mars 2004, j'ai eu la chance de rencontrer Slash et Duff McKagan à l'aéroport de Roissy à Paris. Voici un récit de cette rencontre.

Cette histoire est née avec l’annonce de la venue promo de Slash et Duff à Paris le 18 mars. Elle a fait l’effet d’une bombe dans la communauté des fans français. Plusieurs topics du forum l’ont évoquée, j'ai reçu de nombreux mails me demandant plus d’infos. J'ai donc décidé de tenter d’éclaircir le sujet en appelant un magazine pour savoir s'ils prévoyaient de les interviewer. J’apprends alors qu’ils viennent en France dans la semaine. Quelques jours plus tard, après de nombreuses investigations, je parviens à découvrir par quel vol ils arriveront en France.

Le lendemain, je sors du RER à la station Charles De Gaulle, monte l'escalator et me dirige d'un pas ferme vers les panneaux d'affichage à la recherche de ce fameux vol AF275. Il est 17h, j'ai 25 minutes d'avance. Mes yeux se dirigent vers l'écran et se posent presque instantanément sur la combinaison magique. Je parcours la ligne de gauche à droite... Provenance : Tokyo Narita... Statut : arrivé. Mon sang se glace, putain ne me dites pas que le vol est arrivé en avance et que je vais les rater. Pas de questions à se poser, même si avec une sécurité renforcée (vigi-pirate), un mec qui pique un sprint ça peut attirer l'attention, je fonce vers le terminal A2.

Dans ma course presque frénétique et la recherche d'indications sur la direction à suivre, j'ai le temps de découvrir que l'aéroport est pratiquement désert. Cinq minutes plus tard, je touche enfin au but. Je me trouve dans un grand hall pratiquement vide et cherche du regard un membre du personnel pour lui demander où sont les passagers du vol AF275. Le souffle court, je m'adresse à l'une des trois personnes de l'équipe de nettoyage. Le type m'explique calmement que les passagers sont en train de débarquer, qu'ils passeront ensuite la douane et qu'ils sortiront dans une quinzaine de minutes. Quinze minutes ou pas, je traverse le hall et me dirige immédiatement vers la porte d'arrivée. Je reprends alors mes esprits pour m'apercevoir qu’il me semble toujours invraisemblable de voir apparaître Slash et Duff.

Après quelques minutes d'attente, deux types se pointent et me lancent un petit sourire en me voyant comme ça, comme un con avec mon appareil photo et une série d'images à faire dédicacé. Je découvrirai ensuite que ce sont en fait les mecs venus accueillir nos deux stars. Encore quelques minutes d'attente avant que les premiers passagers ne franchissent les portes. Ils sont peux nombreux, un dizaine peut-être.

Tout à coup, la double porte automatique s'ouvre brutalement et j'aperçois Duff. Il est seul et se dirige vers la sortie d'un pas tranquille. En voyant les deux types venus le chercher, son visage s'illumine d'un grand sourire, il se penche en avant, incline la tête, lève deux doigts et dit 'Hi, I'm Duff". Il échange quelques mots avec ceux qui sont venus les accueillir et pose son sac à dos à ses pieds. Toujours souriant, il me fait face, me tend la main et m'adresse un "Hi". Presque surpris, je lui rétorque un "Hi, I'm Camille" chargé d'émotion.

Duff et moi Ne sachant pas si j'allais l'avoir longtemps à mes côtés, je m'empresse de lui tendre un marqueur et une photo de lui avec Slash datant de 1989 en lui demandant poliment si il pouvait me consacrer deux minutes. Il répond "No problem", plaisante à propos de l'ancienneté de la photo et signe : "Rock on! Duff '04". Puis, à propos de la photo qu'il vient de dédicacer, il ajoute "I wish I have one of thoses". Ne sachant pas si il fait référence à la photo ou à la basse qu'il tient sur cette photo (une Gibson Thunderbird) je reste bouche bée, comme un con.

Alors, Duff se baisse, ouvre son sac et en sort un exemplaire de Contraband qu'il tend à un troisième type venant de surgir, un casque de moto à la main. Il le regarde dans les yeux en lui demandant faire très attention et de ne pas déconner. Il s'agit en fait d'un coursier qui nous quitte immédiatement. Duff explique alors aux deux personnes venues les accueillir que Slash n'est pas avec lui parce qu'il est retenu par les douaniers pour un fouille.

Duff se tourne alors vers moi en m'adressant un large sourire et sort un petit cigare et un briquet de sa poche et nous demande s'il peut fumer. Un des types lui répond que c’est impossible à l’intérieur. Duff marque un temps d'arrêt et je décide de saisir cette occasion pour lui tendre une feuille de papier sur laquelle j'explique que c'est grâce à Appetite que je suis devenu musicien et donne quelques informations concernant les sites et le forum. Alors qu'il s'en empare, je commente en quelques mots et dans un anglais approximatif le contenu de la lettre. Il me lance alors une phrase dont je ne comprends malheureusement que le premier mot : "Great...".

Cela fait presque cinq minutes que je suis à moins de trois mètres de Duff, quand je me souviens que toutes les bonnes choses ont une fin. Duff a envie de fumer le cigare qu'il tient dans la main depuis quelques minutes. Il me salut, je fais de même et je le remercie. Il m'adresse alors un "Merci beaucoup". Alors que Duff est sur le point de partir à la recherche d'une zone fumeurs ou d'une sortie, je me risque à lui demander quand on pourra voir Velvet Revolver sur scène. Sans s'arrêter, il me répond : "In May, see you there". Je le regarde s'éloigner tout seul dans le hall.

J'ai beau être en orbite, je m'aperçois alors que mon rythme cardiaque est normal et je suis très détendu. Finalement, que tout ça c'est passé calmement, et Duff dégage naturellement une aura très positive. Nous sommes restés que quelques instants tous les deux et nous ne parlons pas la même langue mais il m'a donné l'impression d'un mec très sympa.

Bon je décide de prendre du recul et faire le point : je viens de rencontrer Duff et j'attends Slash, toujours retenu par les douaniers. Putain, je suis en train de réaliser un de mes rêves et si je fais le piquet c'est vraiment pas plus mal parce en attendant, je ne descends pas de mon nuage. En plus, c'est l'occasion pour moi d'entamer la conversation avec les types venus les accueillir. Ils travaillent pour la maison de disque et je commence par faire un peu de promo pour les sites, le forum et la communauté, histoire de proposer une rencontre avec des fans ou même de négocier une interview.

Comme cela ne semble pas les intéresser plus que ça je décide de leur poser quelques questions. J'apprends alors que la copie de Contraband qui m'est passé sous les yeux quelques minutes auparavant et a été emportée par le coursier sera utilisée le soir même lors d'une séance d'écoute réservée à la presse. Impossible d'y assister. J'apprends également que pour l'instant les représentants français de RCA Records, donc les mecs que j'ai en face de moi, ont déjà écouté quatre titres de l'album. Impossible d'avoir plus d'informations.

Durant cette conversation, j'aperçois Duff qui traverse le hall au loin, apparemment toujours à la recherche d'un endroit où il pourrait allumer son cigare. Je regrette alors de ne lui avoir proposé de fumer une clope avec lui et avec le recul je me dis que ça aurait été vraiment possible. Maintenant il est trop tard, il m'a déjà donné de son temps et je ne vais pas en abuser et lui courir après. En plus, j'attends toujours Slash.

Pendant les cinq minutes qui s'écoulent alors, j'ai les yeux rivés sur cette double porte automatique blanche. A chaque ouverture, je tressaille. Une vingtaine de passagers sortent parmi lesquels un ravissante jeune femme qui, me voyant avec mon appareil photo, mon marqueur, ma photo de Slash et Duff, me lance l'air amusée : "L'autre il va arrivé, ses bagages sont contrôlés par la douane". Un peu gêné, je la remercie.

Une ou deux minutes d'attente avant que la double porte s'ouvre sur la silhouette de Slash. Elle se referme aussitôt. En fait, il se tient de l'autre côté, au niveau du système d'ouverture automatique et avec les battements de la porte je l'aperçois trois ou quatre fois, furtivement, par intermittence. La pression monte. J'ai beau avoir déjà vu Slash de prêt (j'étais au premier rang deux soirs de suite quand Snakepit est venu à Paris en 1995), là c'est vraiment très différent.

Slash et moi Slash franchit enfin le seuil de la porte et pénètre dans le hall. Il porte une paire de Converses noires, un jean bleu, un blouson arborant plusieurs logos de Velvet Revolver et pas mal d'écussons (Led Zeppelin, Metallica, Ramones, Iron Maiden...) et une casquette est visée à l'envers sur sa tête. Lui non plus n’est pas accompagné. Il pousse un chariot contenant deux gros sacs noirs et se dirige vers les deux types de la maison de disque.

Alors que Slash se trouve à environ cinq mètres de moi, il jette un œil vers moi et je lis dans ses yeux que, fatigué par 14 heures de vol et retardé par la fouille qu’il vient de subir, il n’a pas vraiment envie de se retrouver avec un fan dans les pattes. A l’endroit même où Duff m’a tendu la main, il emboîte donc le pas aux deux mecs venus le chercher et se dirige vers la sortie.

Le temps s’arrête… un instant d’hésitation… je fonce. Alors qu’il passe devant moi, je me dirige vers lui et lance "Hi, do you have time for a picture and autograph" plutôt timide. Une nouvelle fois le temps s’arrête… encore un instant d’hésitation… il accepte d’un hochement de tête. Je lui tends le marqueur et la photo déjà dédicacée par Duff qu’il signe d’un "Slash 2k4". Je sais que le temps joue contre moi, et je m’empresse de remettre une nouvelle fois l’appareil photo à l’un des types venus le chercher. Tout va très vite mais un instant, mon visage est à quelques centimètres du sien… le temps se fige une dernière fois…

Puis, je lui glisse entre les mains une copie de la même feuille que j’ai remise à Duff et lui dit : "It’s a great moment for me". A peine le temps de savourer le moment présent que Slash s’esquive, il me salue et file vers la sortie pour rejoindre Duff qui termine son cigare, à l’extérieur. Ils embarquent dans le van qui doit les conduire à Paris…

Autographe