Qui : Slash | Quand : 2001 | Quoi : sa pneumonie, la musique, la drogue...


Comment te sens-tu ? Je crois savoir que tu te remets d'un problème de santé assez grave.
Oui, j'ai eu une pneumonie. J'ai attrapé ça au mauvais moment. J'étais en tournée mais je ne me sentais pas à 100%. Alors que nous faisions une balance je me suis rendu compte qu'il y avait un hôpital juste à côté. Je m'y suis rendu et ils m'ont dit "bonté divine !". Ils ne m'ont pas laissé ressortir. Je pense que j'ai dû forcer un peu la dose et je crois que j'avais une pneumonie ambulatoire. Les médecins m'ont dit qu'il fallait que je ralentisse. Je n'étais pas trop chaud parce que j'étais au beau milieu d'une tournée mais les médecins m'y ont forcé. C'était pas de chance parce que tout ça est arrivé alors que nous devions partir en tournée avec AC/DC. C'est vraiment mal tombé.


Comment te sens-tu maintenant ?
Je me sens très bien. J'avais juste besoin d'un peu de repos. Nous sommes en train de nous réorganiser pour repartir en tournée cet été et l'année prochaine.


On trouve quel genre de public dans tes concerts ?
L'album est sorti en octobre. Nous sommes partis en tournée avec AC/DC fin août et ça a été génial jusqu'au moment où nous avons dû nous arrêter ! Nous avions commencé à trouver le bon rythme avant l'arrêt de la tournée. En ce qui concerne le public, tout le monde sait que j'ai quitté Guns N' Roses depuis très longtemps. La plupart des personnes qui viennent à nos concerts sont fans de Snakepit. Les gens nous reconnaissent en tant que première partie d'AC/DC. C'est incroyable ! J'ai vu ces mecs en concerts des tas de fois et il m'est impossible de me rappeler quelles étaient leurs premières parties.


Comment Snakepit a-t-il été accueilli ?
Ca se passe vraiment très bien jusqu'à présent. Je n'ai rien entendu de négatif sur le groupe.


Ton nom signifie beaucoup pour les fans de hard rock. Te considères-tu comme une icône du rock ?
En ce moment je ne me vois pas trop comme une icône du rock ! Je n'ai jamais vu les choses comme ça ! Mais le public pense sûrement : "Il y a ce type qui remet ça et c'est l'un des rares à le faire". C'est sûrement pour ça qu'on me remarque. Personnellement, je continue à faire ce que j'ai toujours fait et je continue à jouer de la même manière depuis mes 15 ans. Je vois les choses de manière réaliste au jour le jour, heure par heure.


Guns N' Roses était l'un des derniers groupes à pouvoir remplir des stades. On n'en voit plus aujourd'hui.
Oui, j'ai vu quelques secondes d'une émission spéciale sur VH1 l'autre soir. C'était sur les Hair bands des années 80. Et j'ai ri. Nous ne faisions vraiment pas partie de cette scène musicale. Nous avons été le succès des années 80 parce qu'il n'y avait qu'un groupe comme le nôtre. Je crois que c'est ce qui nous a rendu si populaire. Nous avions de l'audace, ce dont les autres manquaient. Nous étions vraiment en dehors de toutes les modes. Je savais qu'il y avait la scène grunge qui se développait à Seattle. Nous avons vu venir ce courant de très loin. Mais ce n'était pas vraiment important pour moi et pour les autres gunners. On se foutait de ce que faisait les autres. On n'a jamais voulu se mesurer à personne. Nous faisions ce que nous savions bien faire. Il ne s'agit pas de concours.


Guns N' Roses te manque ?
Non. Nous avons eu de très bons moments. Les années passées dans Gn'R ont été géniales. Mais on ne peut pas recréer cette atmosphère continuellement. Le line-up avait tellement changé, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus continuer. Je me suis donc arrêté alors que les choses étaient encore cool.


Que penses-tu d'Axl Rose ?
On ne s'est pas parlé depuis mon départ. Je ne me pose donc pas la question.


Il doit y avoir quelque chose de plus que simplement ça ?
Non. C'est assez simple. Il allait dans une direction et moi j'allais dans une autre. Ça a été un processus très lent. Du jour où nous avons commencé le premier album jusqu'au dernier. Quand notre dernière tournée s'est terminée il nous a fait comprendre vers quelle tournure musicale il voulait s'orienter. J'ai essayé de m'accrocher et de rester dans le groupe le plus longtemps possible mais il y avait des limites. On en est arrivé au point où nous ne pouvions plus travailler ensemble.


Comment prends-tu le fait qu'Axl continue de tourner sous le nom de Guns N' Roses ?
Axl fait ce qu'il veut avec ce qui reste de Gn'R. C'est lui que ça regarde maintenant. Ma vie était vraiment déprimante à l'époque. Je ne pouvais pas m'occuper de ça, je suis parti. Alors quand il a voulu utiliser le nom Guns N' Roses je lui ai dit "bien sûr", je ne voulais plus à avoir à m'occuper de ça.


Est-ce que tu aimes ce qui passe à la radio actuellement ?
Les radios n'ont jamais été sympas avec nous. Je ne pense pas que nous soyons assez radio-friendly. C'est valable pour Snakepit et Guns . et je crois que les groupes des années 70 et 80 qui nous ont influencé n'ont jamais été radio-friendly non plus. Nous avons tourné constamment en nous imposant aux gens. La radio aujourd'hui est formatée. C'est les goûts du mois. Voilà ce qui passe à la radio et sur MTV.


Qu'est ce qui te passe par la tête quand tu allumes la radio et que tu entends Britney Spears ?
Je repense à l'époque des New Kids On The Block et de Tiffany. C'était la même merde. On a déjà connu ça. Les gens adorent ces groupes pop jetables. Mais ça ne représente rien au niveau musical. Ça n'a de sens que si on a 16 ans. Ces groupes font du succès et disparaissent. Quel était le nom de cette petite blonde ?


Debbie Gibson
Oui ! Personne ne va s'intéresser à ces racines ou à celles de Christina Aguilera. Ce genre de truc a toujours existé. Il existe maintenant un marché pour ce genre de truc et je trouve que c'est cool. Mais ce n'est pas vraiment ce que j'écoute. Il y a de la place pour tout le monde. Je déteste étiqueter les choses.


T'intéresses-tu un peu au net ?
Oui, je te suis bien. On ne peut pas dire que je sois un dingue d'ordinateur. Mais j'ai vite compris que beaucoup d'informations circulaient sur le net. Il y avait cette fille qui avait un site sur Guns N' Roses et Snakepit. A l'époque je n'étais pas vraiment intéressé. Puis quelqu'un m'a dit qu'il fallait que j'aille y faire un tour et j'y ai trouvé toute l'histoire de ma carrière. Je l'ai contactée et même si je n'ai toujours pas d'ordinateur, ce site est devenu mon site. C'est ce qui nous a permis de continuer.


Quelle est ta position sur Napster ?
Napster faisait partie des trucs que je trouvais cool avant que l'on commence à l'attaquer. J'ai toujours été un fan de bootleg. Mais dans un même temps Napster a un catalogue de trucs qui ne sont jamais sortis. Cependant ils ont beaucoup de succès en ne faisant rien, je me suis alors rendu compte qu'il fallait que quelqu'un réglemente tout ça avant que ça devienne un MTV où personne ne paie. Napster est devenu un média que personne ne contrôle. On a de la chance si on reçoit des royalties sur ce qui passe sur MTV, c'est une chose entendue maintenant. Je me demande comment on a pu en arriver là. Donc Napster doit vraiment être contrôlé.


Soit franc ! Tu n'as jamais téléchargé de la musique sur Napster ?
Ma copine était sur l'ordinateur l'autre soir et elle était dessus. Elle me montrait des trucs qu'elle avait téléchargé sur Napster et il y avait des trucs vraiment cool ! Il y a Dave Grohl reprenant une chanson de Creed, c'est hilarant ! Je crois que c'était "With Legs Wide Open". Il y a des trucs dingues qu'on ne trouve nulle part ailleurs mais il faut que ça soit contrôlé.


As-tu déjà vu le film "This is Spinal Tap" ?
Oui ! Le pire cauchemar de tous les groupes de rock. Plus on vieilli, plus on fait ce métier et plus le film prend de sens. Le truc le plus drôle avec ce film c'est que c'est vraiment très proche de la réalité. Pendant la tournée des stades avec Guns, on a fait un de nos pires concerts. On était dans les loges attendant qu'Axl se prépare et on regardait ce film. Une fois sorti de là, je me suis juré de ne plus jamais regarder Spinal Tap avant un concert ! J'adore ces mecs, j'ai joué sur leur dernier album.


C'est arrivé que tu ne trouves pas la scène ?
Oui ! Je trouve ça drôle maintenant. Mais quand ça arrive on trouve ça beaucoup moins drôle. On rigole toujours avec ce film !


Tu as été accro à l'héroïne.
C'est vrai...


Comment t-en es-tu sorti ?
Nous avons tous des vices, on devient accro pour une raison ou pour une autre. Par des connaissances, d'autres nous influencent, nos héros ont fait la même chose. Ça dépend de son éducation. J'ai eu beaucoup de vices et tout est question de choix. C'est le Sida qui m'a réveillé. L'héroïne te tue ou détruit ta vie. Crois-moi, ça finit toujours par arriver. C'est la drogue du diable. C'est marrant malgré les années, nous, ex-toxicos aimons toujours parler de nos escapades.


C'est encore un problème pour toi ?
Je suis retombé dedans deux fois depuis 10 ans. Parce que j'ai rencontré la mauvaise personne au mauvais moment. J'ai terminé à l'hôpital plusieurs fois. Et alors que j'y étais il m'arrivait de penser : "Ce n'était même pas un bon trip". Alors, oui, j'en ai fini avec ça ! C'est trop d'ennuies, ça fait trop chier. C'est trop contre-productif, surtout pour quelqu'un comme moi qui n'arrête pas de faire des choses. On ne peut pas vivre dans cette atmosphère trop longtemps et attendre que quelque chose de bien nous arrive. On s'en lasse si la drogue ne se lasse pas de vous avant.


Est-ce que la mort de Joey Ramone t'as affectée ?
Ca fait deux semaines que je n'arrête pas de dire aux gens "Wow, vous avez vu Joey Ramone est mort !". La dernière fois que j'ai vu Joey c'était au Drew Carrey's Show. C'était la parfaite icône pop parce qu'il ne se prenait pas au sérieux. Joey Ramone est au punk ce que Jerry Garcia était à la musique hippie.


Si tu étais coincé dans un ascenseur avec Axl Rose, qu'est-ce que vous vous diriez ?
Nous avons déjà été coincé dans une pièce avant et on n'avait déjà pas grand chose à se dire. Mais si ça devait arriver maintenant, je ne sais pas ce qu'on se dirait. Je serais plutôt zen et je lui lancerais un "salut !" et j'attendrais sa réaction. Après c'est de la science-fiction. Je ne sais pas ce qui se passerait, honnêtement !


Un événement que l'on pourrait diffuser en Pay-Per-View.
C'est exact ! Je crois que l'ascenseur serait très silencieux. Puis on nous retrouverait 3 ou 4 heures plus tard faisant une partie d'osselets.


Pour finir : "Vaut-il mieux se consumer ou disparaître ?"
Hum. je n'ai jamais compris cette expression. Je crois qu'il vaut mieux se consumer. Disparaître ? Se consumer ? Ca dépend de ton heure. Si tu aimes te consumer, vas-y ! Mais disparaître, c'est quelque chose sur laquelle on n'a pas beaucoup de contrôle.


Interview publiée en 2001 dans le magazine "Steppin' Out".